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Le bois comme option pour la construction de bureaux

Dans notre édition 2020 du Workplace Showcase, nous avons publié un rapport sur le siège social de la banque Triodos aux Pays-Bas, une étape importante dans l'histoire de la construction durable, puisqu'il s'agissait du premier immeuble de bureaux à grande échelle 100 % en bois et démontable. Aujourd'hui, le bois est à nouveau à l'honneur en tant que matériau de construction pour les immeubles de bureaux, selon le rapport de printemps du conseiller immobilier international Savills.

Ces dernières années, le bois a souvent été promu comme une solution à une série de défis auxquels est confrontée l'industrie de la construction. En France, le gouvernement a même obligé d'utiliser au moins 50% de bois dans la construction de tous les nouveaux bâtiments publics. Plus généralement, des propositions apparaissent pour des bâtiments en bois structuraux, des tours super hautes, ou des entrepôts volumineux. Est-ce une option réaliste pour les futurs développements immobiliers commerciaux ?

Les avantages
Les tenants de la construction bois aiment mettre en avant les bénéfices, à commencer par les performances environnementales et une discussion technique sur l'impact carbone des matériaux de construction. Outre le fait que le bois est une ressource renouvelable, le carbone est capté dans le bois et en tant que matériau unique, sa production est beaucoup moins intensive en carbone que, par exemple, l'acier, le ciment ou le béton. Selon son utilisation, lorsque le bâtiment est démoli, le bois peut retenir ce carbone indéfiniment.
Les structures en bois pèsent moins lourd que les bâtiments commerciaux construits autour d'un cadre en acier. Le bois étant plus léger, le transport est moins coûteux car il faut moins de carburant pour l'approvisionner. Des machines de chantier moins coûteuses sont également nécessaires sur le site.
Des recherches menées à l'Université du Minnesota Twin Cities en 2016 ont révélé que les structures en bois pèsent 141,6 kg/m² contre 732,4 kg/m² pour le béton. À partir de là, les chercheurs ont calculé une réduction des coûts totaux de 21,7 % lors de l'utilisation du bois.
Cat Martindale. Responsable de la recherche ESG, World Research : « Bien que de nouvelles constructions en bois soient régulièrement annoncées, aucun pays européen n'est en avance sur ses voisins. L'Europe du Nord-Ouest montre généralement la voie, en raison de son environnement politique progressiste, de la mentalité de ses clients et des compétences techniques dont elle dispose ».

Pas seulement des avantages
Chaque méthode de construction présente également des inconvénients. Pour la construction en bois, il s'agit principalement de l'approvisionnement en bois, qui provient souvent des forêts d'Europe de l'Est. Les problèmes géopolitiques actuels, combinés à la hausse des coûts du carburant pour le transport, ont entraîné une forte hausse du prix du bois.
Un deuxième inconvénient est la perception du bois comme matériau de construction. De nombreux immeubles en bois de grande hauteur qui n'étaient pas encore en construction, tant commerciaux que résidentiels, ont été suspendus indéfiniment ou annulés à la suite de l'incendie de la tour Grenfell de Londres le 14 juin 2017. Cette catastrophe a eu un impact négatif sur la perception de la sécurité des constructions en bois, en particulier dans les développements immobiliers commerciaux.

Le sud de Londres
Une construction plus légère permet de construire des structures plus hautes et plus viables financièrement dans des endroits qui auraient pu être considérés comme structurellement inadaptés ou trop coûteux.
Par exemple, les architectes britanniques AHMM réalisent le projet ‘Over Station Development’ dans le sud de Londres, situé au-dessus de la station de métro Southwark. Il s'agit d'une construction hybride d'acier et de bois lamellé-croisé (CLT) de 75 mètres de haut. Ce choix se traduit par une réduction de 40% des émissions de carbone par rapport au béton. Après l'achèvement du projet en 2025, plus de 18 580 m² de bureaux seront disponibles au-dessus des espaces commerciaux prévus en bas.
Pour ce projet de construction, les composants sont fabriqués hors site, ce qui permet notamment d'éviter les retards dans le processus de construction dus aux intempéries. L'utilisation d'un logiciel de conception approprié minimise le gaspillage de matériaux dans le processus de production. En raison de la faible consommation de matériaux lors de la construction des composants, moins de mouvements de transport sont également nécessaires. Sur le chantier, le processus de construction est nettement plus rapide. Par rapport à une méthode de construction conventionnelle, il ne faut que 60 % du temps pour l’assemblage des composants. En outre, il y a peu de déchets sur le chantier.

Paris
Dans le quartier d'affaires de La Défense à Paris, le projet de l'Arboretum retient l'attention. Il s'agit de l'adaptation de deux bâtiments existants et d'un ensemble de bâtiments neufs en CLT, implantés dans un parc de 19 hectares.
Le projet, dont l'achèvement est prévu pour la fin de l'année 2030, offrira 125 000 m² d'espaces de bureaux et de services, ainsi que des installations supplémentaires, notamment une salle de sport, un centre de conférence, un amphithéâtre vert en plein air et des restaurants. Le projet de campus est le fruit d'une collaboration entre trois cabinets d'architectes français - Leclercq Associés, Nicolas Laisné Architectes et DREAM Architecture - et Hubert et Roy Architectes, responsable de la restauration des deux bâtiments patrimoniaux du site.
Le choix des matériaux est motivé par l'ambition environnementale des concepteurs, qui prévoient de réduire de 48 % l'empreinte carbone du site.

Eduard Codde
01-06-2023